Taal
lundi 7 avril 2014L’Archipel philippin est situé en plein cœur de la Ceinture de feu du Pacifique. On y retrouve un grand nombre de volcans, dont plusieurs encore actifs. C’est notamment le cas du volcan Taal, situé sur une île au centre du lac Taal, au sud de l’île de Luzon. Il s’agit en fait du deuxième volcan le plus actif du pays, après le volcan Mayon, qui est d’ailleurs entré en éruption en mai 2013.
Le Volcan Taal se distingue toutefois par le fait qu’une communauté de pêcheurs (évaluée à environ 5000 personnes) s’est établie à ses pieds. Leur occupation du territoire est toutefois problématique pour deux raisons majeures. D’abord, parce que le Volcan Taal est situé dans un parc national et ensuite, parce qu’il a été classifié par les autorités comme un secteur à haut risque et une zone de danger permanent (Permanent Danger Zone). Pour ces raisons, le gouvernement exerce des pressions sur les résidents de l’île et souhaite les relocaliser. Cependant, les autorités se heurtent à une féroce résistance. Les résidents refusent d’évacuer les lieux, non seulement en raison de l’attachement qu’ils vouent à l’île, mais surtout parce qu’elle leur donne les moyens de subsister de la pêche. Malgré les risques géologiques, ils préfèrent y rester, bien conscients qu’une éruption les conduirait à une mort certaine.
En 2010, le gouvernement de la municipalité de San Nicolas entreprend la construction d’une école sur l’île de Taal, dans le Barangay Alas-as. Le projet demeure toutefois extrêmement controversé. Le gouvernement municipal défend la légitimité du projet : devant le fait accompli, vaut mieux donner accès à l’éducation aux quelques 200 enfants de la communauté. Le gouvernement national, pour sa part, craint que la nouvelle école devienne un aimant, attire de nouveaux résidents et consolide le sentiment d’appartenance de ceux qui y sont déjà [1].
Avant que l’école d’Alas-as ne soit construite, les enfants devaient traverser le lac matin et soir pour se rendre sur la terre ferme. La responsable de la municipalité de Batangas en matière d’éducation, Gina Lacsamana, affirme que la ville est consciente qu’un établissement scolaire ne peut être construit dans une zone de danger permanent, mais que l’accès à l’éducation est un impératif d’autant plus fondamental, qu’il s’agit d’un droit constitutionnel (Constitution de 1987) :
The State shall protect and promote the right of all citizens to quality education at all levels and shall take appropriate steps to make education accessible to all.” (Article XIV, Sec. 5, paragraph 5 of the Philippine Constitution) [2].
Ainsi, le maire de San Nicolas, Epifano Sandoval, justifie la construction de l’école à l’aide d’une logique relativement simple. Selon lui, aucun projet ne pourrait être entrepris dans la municipalité si tout le monde se laissait dissuader par l’éventualité d’une éruption volcanique. À première vue, le discours sur l’accès à l’éducation est valable, surtout que 40% des philippins de 6 ans, l’âge officiel d’entrée à l’école primaire, fréquentent toujours la maternelle, ou pis encore, ne sont pas inscrits à l’école. De plus, une étude a démontré que les enfants qui ne commencent l’école en retard sont plus susceptibles de développer des difficultés d’apprentissage ou d’abandonner les cours [3]. Or, le discours du les véritables intentions du maire Sandoval sont sujettes à caution puisqu’elles pourraient être altérées par les intérêts économiques dont la municipalité bénéficie grâce à cette communauté de pêcheurs. Il ne serait donc pas nécessairement à son avantage que les gens s’établissent ailleurs [4].
Du côté du gouvernement national, l’Institut de volcanologie et séismologie (Phivolcs) et les avocats en droit de l’environnement insistent pour que les résidents de l’île s’établissent dans un endroit plus sécuritaire. Conscient que la pêche représente l’unique source de revenus pour ces habitants, le Phivolcs propose que les pêcheurs puissent avoir accès à l’île et l’utiliser pour la pratique de leur métier. Cependant, l’institut de recherche est catégorique : les familles des pêcheurs ne devraient en aucun cas habiter dans une zone de danger permanent. Bien que la dernière éruption remonte à plusieurs années (1965), le niveau d’alerte pour le volcan Taal se situe continuellement entre 1 et 2, ce qui indique une activité sismique constante, mais relativement stable [5]. Or, le système de surveillance de l’activité volcanique est certes un bon indicateur, mais il n’est pas infaillible. D’ailleurs, la dernière fois que le volcan de Mayon est entré en éruption, son niveau d’alerte était de zéro.
Enfin, on peut se demander comment, à la base, une communauté a-t-elle pu s’établir dans un environnement protégé comme un parc national. Dans un pays comme les Philippines, il est difficile de faire appliquer des lois en faisant fi des problèmes de surpopulation et d’accès aux moyens de subsistance. La pauvreté entre alors en ligne de compte et pousse les gens à y rester, puisque la pêche leur permet de nourrir leur famille et de maintenir une certaine qualité de vie qui ne serait pas assurée ailleurs au pays.
Pour conclure, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’éruption, tout porte à croire que la petite communauté de l’île volcanique refusera de déserter les lieux. Dans cette optique, il est légitime que ses résidents cherchent à développer leur communauté et, à tout le moins, à procurer une éducation de base à leurs enfants. La controverse revient donc à établir ce qui, de la sécurité ou de l’éducation, a la primauté sur l’autre. En attendant, la situation se maintient dans un équilibre précaire, entre l’expectative d’une solution miracle et la peur d’une éruption volcanique dévastatrice.
Enfin, on peut se demander comment, à la base, une communauté a-t-elle pu s’établir dans un environnement protégé comme un parc national. Dans un pays comme les Philippines, il est difficile de faire appliquer des lois en faisant fi des problèmes de surpopulation et d’accès aux moyens de subsistance. La pauvreté entre alors en ligne de compte et pousse les gens à y rester, puisque la pêche leur permet de nourrir leur famille et de maintenir une certaine qualité de vie qui ne serait pas assurée ailleurs au pays.
Pour conclure, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’éruption, tout porte à croire que la petite communauté de l’île volcanique refusera de déserter les lieux. Dans cette optique, il est légitime que ses résidents cherchent à développer leur communauté et, à tout le moins, à procurer une éducation de base à leurs enfants. La controverse revient donc à établir ce qui, de la sécurité ou de l’éducation, a la primauté sur l’autre. En attendant, la situation se maintient dans un équilibre précaire, entre l’expectative d’une solution miracle et la peur d’une éruption volcanique dévastatrice.
Enfin, on peut se demander comment, à la base, une communauté a-t-elle pu s’établir dans un environnement protégé comme un parc national. Dans un pays comme les Philippines, il est difficile de faire appliquer des lois en faisant fi des problèmes de surpopulation et d’accès aux moyens de subsistance. La pauvreté entre alors en ligne de compte et pousse les gens à y rester, puisque la pêche leur permet de nourrir leur famille et de maintenir une certaine qualité de vie qui ne serait pas assurée ailleurs au pays.
Pour conclure, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’éruption, tout porte à croire que la petite communauté de l’île volcanique refusera de déserter les lieux. Dans cette optique, il est légitime que ses résidents cherchent à développer leur communauté et, à tout le moins, à procurer une éducation de base à leurs enfants. La controverse revient donc à établir ce qui, de la sécurité ou de l’éducation, a la primauté sur l’autre. En attendant, la situation se maintient dans un équilibre précaire, entre l’expectative d’une solution miracle et la peur d’une éruption volcanique dévastatrice.
[1] UNICEF, « Philippines Education », 2008. En ligne, http://www.unicef.org/philippines/8900.html#.UagFmGcZT88 (page consultée le 11 novembre 2013).
[2] UNESCO, « Philippine Education For All 2015 : Implantation and Challenges », 2012. En ligne, http://planipolis.iiep.unesco.org/upload/Philippines/Philippines_EFA_MDA.pdf (page consultée le 11 novembre 2013).
[3] UNICEF, « Philippines Education », 2008. En ligne, http://www.unicef.org/philippines/8900.html#.UagFmGcZT88 (page consultée le 11 novembre 2013).
[4] Electronic Report, « State of Local Development Report,Municipality of San Nicolas, Batangas », PY 2009. En ligne, http://www.blgs.gov.ph/lgpmsv2/appshome/report/rpt_eSLDR.php?frmIdLgu=644&frmIdDcfCode=6 (page consultée le 11 novembre 2013).
[5] Philippine Institute of Volcanology and Seismology, « Phivolcs Volcano Monitoring », 2013. En ligne, http://www.phivolcs.dost.gov.ph/index.php?option=com_content&view=article&id=50&Itemid=86 (page consultée le 11 novembre 2013).